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Exemple de résilience chez deux alpinistes chamoniards. Belle leçon pour le Handi-surf.

En suivant, un extrait de Premier de cordée de Roger Frison Roche.

Roman d’alpinisme de 1957.

Histoire de deux amis qui s’entrainent pour triompher de leurs handicaps récents dut au terrible accident qui vit Jean, le père de Pierre Foudroyé sur la face des Drus.

Georges perdit le bout de ses pieds en redescendant le client du guide atteins par la foudre, et Pierre après une terrible chute sur la tête pour ramener le corps de son père dans la vallée, se démenait à surmonter le vertige qui le gagnait lorsqu’il atteignait les hautes cimes.

Les deux acolytes après une grande course victorieuse rencontrent L’oncle Joseph fumant sa pipe sur le sentier de Montenvers.

Voilà la conversation qui en découle.

« Voyons! Voyons ! Pierre, il y a une chose qui me tracasse ; on m’avait dit que tu avais le vertige, et même que…- Le rouge parut un peu gêné – et même que ça t’avait rudement changé!Quand à toi Georges, celui qui m’aurait dit que tu recommencerais des bambées pareilles ! Tiens, j’aurais je crois parié mes moustaches que ça n’était pas possible. Vrai ! Vous en avez des idées et dans quel but cette grande course ? Tous seuls sans monchus (clients) !

-Pour faire nos preuve, oncle, car c’est bien décidé, on va rentré guide tous les deux…Et justement, si tu as des clients à me passer…

-Tu ne m’étonnes pas , sacré gamin ! J’étais persuadé que ça finirait comme ça !

-Voyez-vous mon oncle, le vertige, les pieds gelés, les risques, ça a certainement été créé pour vous donner le goût à la vie. C’est seulement lorsqu’on est mutilé ou appauvri physiquement qu’on se rend compte de la valeur de l’existence.

-Somme toute, en suivant ton raisonnement, la vie ne vaut d’être vécue que le jour où on risque de la perdre ?

-Presque ! La vie doit être une lutte continuelle. Malheur à ceux qui ne combattent pas ! Qui se laisse aller aux choses faciles ! J’ai bien failli devenir un de ceux là, oncle ! Et quand je songe au bourbier dans lequel je m’enfonçais, j’en frissonne de dégoût. Il a fallu Georges et les autres pour me rappeler à tout mes devoirs ; surtout Georges qui, lui, n’a jamais cessé de lutter pour reconquérir sa forme !

-Pour ça oui, mon Georges ; ce que tu as fais là c’est bien ! Tes un homme à cran ! Seulement voyez-vous mes enfants, combattre ne veut pas dire s’exposer inutilement. S’il ne faut pas craindre de risquer sa vie, il ne faut le faire qu’en mettant tous les atouts dans son jeu. Quand j‘étais bien gosse, je me rappelle qu’un jour, avec un gamin de mon âge, on avait entrepris de se lancer dans je ne sais plus quelle course ! Comme ça, sans préparation et sans expérience ; on montait toujours ! Toujours ! Et lorsqu’on arriva au sommet, on s’aperçût qu’on avait oublié de prendre la corde de rappel nécessaire pour revenir. On Passa une nuit terrible dans un trou de rocher. Nous n’avions pas de chandails et nous claquions du bec ; presque pas de provisions. Bref, on s’était lancer là-dedans comme de véritable écervelés. Ce fut mon père qui, inquiet comme tu penses, nous découvrit après un jours de recherches et d’appels. Depuis ce jour je te garantis que j’ai réfléchi à deux fois avant de me lancer dans une aventure : j’ai tout préparé minutieusement, et quand je me suis trouvé en face d’une difficulté j’étais paré pour la surmonter.

– Cependant Joseph, reprit Georges il faut bien risquer par moments ! Il y a des passages dont on ne peut pas deviner ce qu’ils nous réservent, et s’y on ne s’y lançait pas de peur de tomber, on ne ferait jamais rien.

– D’accord ! D’accord ! Il faut savoir risquer à bon escient et pour quelque chose d’utile ; ça peut arriver qu’on tombe quand même, mais alors, dans ce cas là à la grâce de Dieu qui règle nos destinées !